POUSSIÈRES D'OR, CIEL D'ARGENT

Et la vie d'un enfant n'est autre chose qu'un jour d'avril avec des pluies et des éclaircies pour les narcisses.
Oscar WILDE, De Profundis

L'enfant se tient assis, buste droit, sur le seuil de la maison. Garçon de sept, huit ans… Nulle date ne le détermine. Ce n'est d'ailleurs pas le plus important : il y a autre chose à fixer qu'un âge, un millésime. Considérant la disposition des ombres, il semble que le soleil se rapproche de l'heure méridienne ou qu'il s'en est éloigné depuis peu. Fin de matinée ou début d'après-midi, donc... Mais de quelle saison ? La porte est ouverte : c'est une belle journée, encore assez fraîche - voyez l'habillement. En bas du mur, quelques plantations, dont on a du mal à s'assurer la floraison, de même pour le géranium suspendu entre le volet et la porte. De telles dispositions laissent à penser qu'à cette date le risque de gel est écarté. Matinée d'avril ? J'y souscris pleinement, accordant la douceur du souvenir à la prime chaleur printanière, et prenant pour prétexte qu'une journée d'automne offrirait une lumière plus rase.

Le garçon sourit, sans excès, mais fièrement. À travers ce sourire perce le sérieux de l'action présente, celle d'un instant sur le point d'être saisi, et dont on ressent l'urgence, avec ce jeune chat tigré peu disposé à l'attente.
La marche de l'entrée, qui sert ici d'assise, est une grosse pierre de granit ; pierre très ancienne, marquée par une forte courbure à son point de passage. Au-delà, à l'intérieur de la maison, rien de visible, aucune lumière ne filtre...
Ah ! Suivre la ligne de perspective et entrer en catimini dans cet espace-temps, juste une minute, d'un simple coup d'œil revisiter la place pour enfin remettre à l'heure la vieille pendule de sa mémoire, arrêtée dieu sait quand.

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